Documentaire

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SYNOPSIS

L’idée d’un revenu de base, d’un revenu inconditionnel, ne peut laisser indifférent.
Dans nos sociétés où tout est marchandise, quelle place pour un revenu destiné à satisfaire nos besoins fondamentaux ? Dans nos sociétés où l’emploi n’est rien d’autre qu’une marchandisation du travail humain, la recherche du plein-emploi apparaît peu à peu comme une impasse.
Il faut inventer d’autres moyens pour changer notre rapport à la production et à la consommation.

Des partisans toujours plus nombreux formulent le pari d’un revenu défendant l’être humain, esclave aujourd’hui d’un système aveuglément productiviste. Les aspirations individuelles seraient d’avantage celles du partage et de la contribution à la création d’une économie porteuse de sens. Et la richesse collective de nos sociétés serait aujourd’hui à même d’assurer à chacun la possibilité de se réaliser dans l’activité de son choix, marchande ou non.

A travers une succession de portraits, ce film permettra de découvrir un engouement croissant de citoyens pour cette idée et leurs arguments économiques, sociaux et sociétaux qui en feraient « la première vision positive du XXIe siècle ». Il montrera, qu’au contraire du financement d’une telle mesure, ce sont des obstacles culturels, des peurs et des idées reçues, qui en représentent les principales difficultés.

 

LES PERSONNAGES

Frédéric Bosqué
Entrepreneur humaniste et figure du Mouvement Français pour le Revenu de Base, il porte une vision très passionnée du Revenu de base, socle pour lui d’un nouveau contrat social, d’une nouvelle civilisation, d’une société de l’émancipation dans laquelle nous aurions droit à un revenu du seul fait qu’on existe et dans laquelle chacun puisse « expérimenter le chemin de son propre bonheur ».

Baptiste Mylondo
« Les pauvres sont ceux qui ne travaillent que pour essayer de garder un train de vie dispendieux, et en veulent toujours plus. C’est une question de liberté. Si vous n’avez pas beaucoup de biens, alors vous n’avez pas besoin de travailler toute votre vie comme un esclave pour les garder, et donc vous avez plus de temps pour vous-même » (Pépé Mujica, Président de la République Uruguayenne)
Dans une société consumériste qui a fait perdre à ses membres leur savoir-faire, leur autonomie, dans une société où l’empreinte écologique de la production industrielle est si peu considérée et si néfaste, c’est le sens même de l’existence sur cette planète qui est remis en question. Baptiste Mylondo est un partisan de la décroissance, économiste et co-fondateur d’une « coopérative d’inactivité », il revendique la liberté de moins travailler, explique comment un revenu de base suffisant peut être financé en France.

Mathieu Bize
Né au Mirail, un quartier populaire de Toulouse, Mathieu y travaille encore aujourd’hui. Son attrait culturel pour le Maghreb et son militantisme pour le revenu de base en font un interlocuteur privilégié pour amener et nourrir le débat dans « la cité ». Comment des jeunes complètement exclu socialement recevront-ils cette idée de revenu inconditionnel ? Leur demander leur avis sur la question, les solliciter directement sans parler à leur place, c’est aussi se confronter à la réalité de la précarité et de ses conséquences quotidiennes : l’impossibilité d’obtenir un emploi, la difficulté à se former, la spirale du marché noir et de la délinquance, et l’accroissement du sentiment de ne pas être autorisé à exister. Le revenu de base y changerait-il quelque chose ?

Un voyage à Tunis à l’occasion du Forum Social Mondial sera aussi l’occasion de parler de se confronter aux réactions de populations très diverses, notamment dans la famille qui nous héberge.

Alexis Lecointe
Artiste, voyageur, auteur d’une « conférence gesticulée » sur les indicateurs de richesses, le bonheur, le travail et le revenu de base, Alexis Lecointe amènera, à travers cette approche d’éducation populaire, à faire s’exprimer son public sur leurs motivations au travail, leur conception du bonheur et ce en quoi un revenu de base pourrait leur permettre d’aller plus loin dans cette recherche du bonheur.

Bernard Stiegler
« Qu’est-ce que vivre ? C’est savoir vivre. Et qu’est-ce que savoir vivre ? C’est inventer sa propre vie. »
Philosophe français, spécialiste de l’économie contributive, Bernard Stiegler constate et explique comment une économie basée sur la libre contribution et sur le partage est en train, grâce aux nouveaux outils numériques, de modifier profondément l’économie, la production et la consommation. Ces pratiques, qui aujourd’hui ne permettent pas à leurs auteurs d’en vivre, bien qu’elles soient créatrices de richesse, pourraient être supportées, « solvabilisées », par l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.
Se basant par ailleurs sur les travaux de Freud, il nous emmènera même dans une digression sur les conséquences de la société de l’hyper-consommation sur la libido des gens, c’est à dire sur leur sentiment même d’exister et leur désir de vivre. Une quête vers l’autonomie, la réalisation de soi, une fois de plus.

François Plassard
Ancien agent de développement territorial, ingénieur en agriculture, docteur en économie, auteur, membre du SEL de Cocagne, initiateur du projet EcoHameau, auto constructeur, conteur, François porte l’idée d’un revenu inconditionnel depuis les années 80, années de mise en place du RMI qui aurait pourtant dû être un RME (Existence au lieu d’Insertion). François habite désormais pleinement sa retraite et partagera avec le spectateur ses analyses visionnaires pour une société post-capitaliste. François est dans le concret, quand il parle du revenu de base c’est pour assurer aux jeunes générations la possibilité d’agir au maximum de leur créativité dans la construction de la société de demain, pour laquelle beaucoup de choses restent à inventer, tant en matière d’énergie que d’agriculture ou d’habitat. Il défend aussi le revenu de base, comme son ami Patrick Viveret, comme une voie non-violente de sortie de crise du capitalisme.

 

NOTE D’INTENTION

Lorsqu’on est amené à parler du revenu de base, il est possible de mettre en avant la lutte contre la précarité, l’efficacité économique, la relance de la consommation, le partage des richesses, la sortie du salariat voire du capitalisme pour les plus zélés, et d’autres aspects tout aussi intéressants et pertinents comme la capacité pour un jeune adulte atteignant la majorité de commencer sa vie avec une assise financière lui permettant de réellement choisir sa voie.

Si toutes ces approches m’intéressent et feront bien entendu traité dans le film, il en est une autre qui me touche particulièrement et que j’ai eu envie de mettre en avant. C’est la thématique du temps et du sens de notre vie. Celui passé dans le travail (avec ses conséquences) comparé à celui consacré à notre existence, à se réapproprier.

« Nous devons travailler, tous. Et pourtant, nous allons mourir, tous. […] Nous aurons effectué une parenthèse terrestre d’une poignée de décennies, dans le meilleur des cas. La mort nous attend, cueillant le vieillard comme l’adolescent imprudent. […] Or, que faisons-nous de nos existences ? Nous sacrifions nos meilleurs moments à une idole envahissante et dévorante : le travail. » (La tyrannie du travail – travailler moins pour vivre mieux, Stéphane Bodénès)

On dit : « on mange pour vivre , mais on ne vit pas pour manger » – On pourrait dire , « on produit pour vivre , on ne vit pas pour produire » . « L’économie au service de l’humain et non l’inverse » dit-on aussi. C’est parce que j’ai réellement, profondément, le sentiment d’être né au milieu d’une société qui marche à l’envers, qui s’est laissée emballer comme une machine en surchauffe, que je fais mien le slogan de l’an 01 : « on arrête tous, on réfléchit, et c’est pas triste ». Et c’est parce que j’ai eu la chance ne jamais avoir travaillé plus de 25 heures par semaine que j’ai pris goût au temps qui m’était alors possible de consacrer à la réflexion, à la recherche, la documentation, les rencontres, l’engagement associatif puis le militantisme. J’ai pu précisément donner du sens à mon existence grâce au temps libre qui, comme un espace ordonné, gardé rangé, est un espace des possibles. Avant même d’entendre parler du revenu d’existence, j’avais déjà commencé à intégrer le fait que c’est dans le temps libre que se déroule non seulement la construction individuelle, bien sûr, mais aussi une partie importante de la contribution à la société, indépendamment d’un emploi, d’une rémunération, d’une entreprise, indépendamment de la société de production.

Deux constats ont ensuite achevé de m’impliquer plus avant dans la promotion du revenu de base : celui, cruel, de la société de consommation, du salariat à plein temps généralisé et de désinformation massive qui, de fait, ne permet pas à des sociétés entières de prendre le temps et le recul nécessaire pour s’interroger sur elles-mêmes, et notamment sur des choix de société destructeurs de ce qui fait que nous faisons justement société. Précarité, peurs, défiances et haines détruisent la cohésion sociale et mettent en péril la paix et la démocratie.

D’autre part, le modèle de développement sur Terre est insoutenable à l’horizon de quelques dizaines d’années seulement devant nous, et le court-terme de la société de l’urgence permanente n’est absolument pas compatible avec le rythme de la vie.

Le temps donc, qui n’aurait jamais du devenir le luxe que seul le bourgeois peut s’offrir, le temps qui n’aurait jamais du être de l’argent. Ce temps, je souhaite par dessus tout qu’il redevienne un bien commun, comme l’eau ou l’air. Nous en avons collectivement besoin, pour le bien-être des êtres humains comme pour la survie de notre espèce. Je souhaite qu’un revenu inconditionnel d’existence rende possible l’avènement d’une économie du temps retrouvé.

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